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05/08/2009

Un an de plus d’une question sans réponse

Un an ! Un an déjà, depuis cette soirée du 7 août 2008 à Heleta, si digne et empreinte d’émotion, qui rappela aux mémoires défaillantes qu’une blessure impossible à cicatriser perdurait alors depuis 25 ans : la disparition de Jean-Louis ‘Popo’ Larre à la suite de l’affrontement du camping de Léon (7 août 1983).

nun da popo.jpgL’optimiste invétéré que je suis doit malheureusement en convenir : les mémoires un temps ravivées sont retombées dans la léthargie… Ainsi, sur ce blog créé spécialement pour lutter contre l’oubli, pour mobiliser les consciences, pour briser la chape de silence, et à la fin des fins pour concourir à retrouver la trace de Popo… rien ne bouge depuis un an ! Et pourtant ce n’est pas faute que l’admi- nistrateur ait essayé, à bien des reprises, de bousculer les immobilismes, d’en appeler au simple geste de faire écho de site en site, de blog en blog, de forum en forum au rappel de cette volonté de savoir enfin où est Popo, « Non da Popo ? ». La dernière contribution date du 8 août 2008 qui relate en texte et reportages photos, vidéos et sons l’hommage qui s’était déroulé à Heleta et qui avait réchauffé bien des cœurs, soulevé bien des émotions. Oui, mais voilà, tout est là justement : l’émotion ne fait pas l’action…


De l’ambiguïté… aux remugles du passé

Il y a bien un commentaire signé ‘Monik’, en date du 3 décembre 2008, qui – on me pardonnera d’être une peu « raide » dans mon propos –, ne fait certainement pas « avancer le schmilblick » et, tout au contraire, donne dans l’ambiguïté lorsqu’il y est écrit: «Je ne crois pas (ce n’est que mon avis !) que des réponses seront données [concernant la disparition de Popo] par le biais de l’organisation IK qui est impliquée dans cette affaire. Il me semble que ce dossier devrait être relayé par sa famille, pour laisser l’humanité prendre le pas, loin de toute connotation politique (…) ».

Je préfère penser que la tournure « [IK] est impliquée dans cette affaire » veut seulement dire que si Popo a disparu, il y a maintenant 26 ans, cela avait à voir avec son engagement politique mûrement réfléchi – car on ne rejoint certainement pas la lutte clandestine sur un coup de tête… – et que cette formule ne porte pas en elle le remugle d’insinuations insupportables qui furent colportées en leur temps. Quand à « laisser l’humanité prendre le pas, loin de toute connotation politique », je mettrais cela sur le compte d’un angélisme éloigné des réalités et peu au fait des situations vécues hier comme aujourd’hui en Pays Basque. Car si Popo a disparu, c’est bien dans un contexte politique et si on apprend demain la vérité ce sera qu’un autre contexte politique aura permis que cela survienne enfin.

Il y eut aussi un autre commentaire auquel on se saurait accorder par contre aucun caractère d'innocence celui écrit sous le pseudonyme de ‘Isnomis’ et publié le 10 octobre 2008. Le dit (la dite) ‘Isnosis’ souhaite lui (elle) que Popo soit retrouvé un jour « pour qu’il soit jugé » et conclut : « Je ne souhaite pas sa mort, bien au contraire. Il attend [Popo] très patiemment le délai de trente ans, délai de prescription en matière de crimes » (sic !). Et il ne s’est trouvé personne – pas même moi, je dois bien l’avouer… – pour apporter la contradiction à de telles inepties !… Car Popo, s’il avait été arrêté ce dramatique 7 août 1983, n’aurait certainement pas été jugé pour « crime », mais au pire pour « complicité de crime »… vu qu’il n’avait pas été impliqué dans la fusillade ! Ce fait aurait été avéré par de nombreux témoins de l’affrontement… du moins peut-on l’espérer.

Donc ‘Isnosis’ donne, au mieux, dans la sottise frappée au coin de l’ignorance ou, au pire, tente de semer le trouble dans les esprits, comme dans les semaines et les mois qui suivirent les ‘événements de Léon’ ou une ambiance délétère régna, abondamment alimentée par moult rumeurs, accusations ignominieuses, supputations abjectes, fausses informations et vaines pistes. Un marigot nauséabond où se vautrèrent acteurs policiers, officines politiques de l’ombre, journalistes consciemment ou inconsciemment manipulés, personnes crédules et « anti IK » de tout bord.

Je ne voudrai pas croire que la relance en feu de paille – en tout cas pour le volet médiatique – de la quête de vérité sur la disparition de Popo ait pu inquiéter certains milieux, au point de vouloir aussi faire repartir la machine infernale du mensonge insidieux, distillé tel un poison dans le corps social.

Faire prévaloir la simple humanité

Je ne me résoudrai jamais à admettre que la question simplement humaine « Non da Popo ? » posée à nouveau il y a un an puisse rester sans réponse. Il faut dire et redire, inlassablement, que derrière cette interrogation il n’y a ni recherche de coupables, ni demande de comptes, encore moins quelque velléité de vengeance que ce soit. Il n’y a que la volonté, comme je l’écrivais il y a un an, de faire en sorte que «la famille de Popo puisse trouver enfin la paix et, aussi, que ceux qui furent ses camarades d’une lutte ô combien dure puissent tourner cette page-là ». Un an plus tard, j’emprunterai les mêmes mots, pour émettre le même espoir, celui que « quelqu’un, en son âme et conscience, brisera un jour le silence et fournira des informations, réelles celles-là, pour retrouver la trace de Jean-Louis Larre ». Car, pour me répéter encore, Popo est bien quelque part et il se trouve forcément quelqu’un qui sait quelque chose.

Je me doute bien que les motifs qui ont conduit à l’instauration de la chape de silence il y a 26 ans restent d’actualité pour ceux qui ont pu être les acteurs directs ou indirects de cette douloureuse affaire. Mais je voudrai penser que des considérations de simple humanité vont finir par prévaloir et qu’une information – peut importe la route qu’elle empruntera pour parvenir à bonne destination – viendra apporter un éclairage décisif, pour – enfin – dissiper les ténèbres.

Il est bien entendu que je suis disposé à être un de ces destinataires. Ce n’est pas faire de l’humour mal placé que de préciser que mon existence n’étant en rien clandestine, on sait où me trouver et comment me joindre. Je conclurai en souhaitant ô combien ne pas avoir à revenir dans un an poser encore cette question : « Non da Popo ? ».

Allande Socarros

 

Commentaires

Merci à Allande de rappeler la sordide réalité qui est que nous n'avons toujours pas de réponse à la question "Nun da Popo ?". 26 ans après sa disparition.
Nos déclarations de principes, nos slogans, nos revendications, nos Idéaux affichés, ne valent rien si nous sommes capables de laisser tomber dans l'oubli l'un des nôtres, disparu. C'est pourquoi il nous faut sans cesse rappeler cette absence, et exiger la réponse à la question "Nun da Popo ?".
L'Histoire nous apprend que pratiquement toujours, tôt ou tard, les disparitions de militant(e)s se soldent par l'émergence de la vérité. Une conscience se libère, une langue se délie...
Il en sera ainsi aussi, n'en doutons pas, pour le cas de Popo.
Mais il nous faut continuer à exiger que réponse soit apportée à la question "Nun da Popo ?". Le silence, -notre silence- serait la pire des choses. Alors, sachons -comme Allande vient de la faire- être les porteurs d'une exigence. Une exigence morale, celle concernant le souci porté au sort d'un être humain, d'un fils, d'un frère, d'un ami, d'un compagnon de lutte...

Écrit par : Gabi | 07/08/2009

Je fais partie de ceux, encore trop peu nombreux, qui pensent que le "Nun da Popo ?" comme le "Non da Jon ?" doivent sortir du Pays basque et de tous nos ghettos pour s'infiltrer par tous les fils de la toile internet jusqu'aux yeux et aux oreilles de cette mémoire qui ne devra jamais s'effacer. Ce blog dédié à la mémoire de Jean-Louis Larre doit être relayé partout. C'est le travail de chacune et de chacun. Une version en anglais est toujours en chantier, qui s'attèlera à la traduction ? Quelqu'un devra aussi écrire un article pour Wikipédia... Et bien entendu, la quête doit se poursuivre ! Il en va de notre dignité.

Écrit par : Nun da Popo ? | 07/08/2009

wikipedian: http://eu.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Larre

Écrit par : lima | 09/08/2009

Milesker haundi bat Lima !

Écrit par : Xan Ansalas | 09/08/2009

Cela peut paraitre un peu naïf, mais il m'arrive comme tout un chacun de venir sur ce blog, on ne sait jamais, il pourrait y avoir du nouveau...

Je suis persuadé que nous n'aurons plus jamais de nouvelles de Popo LARRE,que ce soit de sa part ( il faut etre idiot pour penser qu'il se cache quelque part en attendant une amnistie) ou bien de la part de ceux qui sont à l'origine de sa disparition.
La guerre sale continue à faire rage que ce soit en Iparralde ou en Hegoalde, et la disparition de Jon ANTZA rajoute un nom de plus à la liste des nôtres qui ont payé de leur vie l'engagement pour la cause basque.

A nous de ne pas oublier, à nous de poser les vraies questions, jusqu'à ce qu'un jour quelqu'un nous apporte les réponses attendues ( je vous l'ai dit, je suis un grand naïf ), à nous de parler de Popo, de Jon et de tous les autres lorsque l'on nous demande de raconter Euskal Herria et les luttes des Abertzale. Les journaux ne se font jamais l'écho de nos questions, de nos dires, nous ne sommes que des terroristes, puisque nationalistes.

Une seule chose est sûre, basque je le suis et fier de l'être par dessus le marché, je sais aussi tout ce que je dois à ceux qui ont tout donné pour la défense de notre peuple, à ceux que des années de détention arbitraires n'ont pas pu briser...

Gogoan Zaitugu
Nun da Popo?
Nun da Jon
Orain Egia nahi dugu

Écrit par : Apatxe | 12/08/2009

Bonjour. Je viens de découvrir ce blog consacré à la disparition de Jean-Louis Larre. Vous ne semblez pas d'accord avec mes propos et je respecte tout à fait cela. Je ne pense pas faire de l'angélisme en écrivant ce que, au bout de tant années, cette affaire m'inspire. Bien sûr, je ne prétends pas faire "avancer le schmilblik"... Comment le pourrais-je ??? D'ailleurs, apparemment, personne ne le fait avancer, pire encore, après des manifestations émouvantes qui rassemblent, le silence prend à nouveau le pas. Je vais moi aussi avoir des mots "durs" mais la crédibilité des personnes qui levaient le poing en disant "Nun Da Popo", un certain jour d'août 2008 à Hélette, est mise à mal. C'est ce silence des militants entre deux actions (comme un pétard mouillé... désolée !) qui a conduit ma réfléxion Mais je peux comprendre que l'histoire de Jean-Louis est complexe et pleine de zones d'ombre et que le "schmilblik" reste une énigme. C'est le pot de terre contre le pot de fer !Quant à ma phrase que vous reprenez dans votre article, je vous assure qu'il n'y a aucune ambigüité à y chercher. Il n'y a aucune autre signification à lui donner que celles des mots qui sont écrits.
De plus, qui vous permet de dire que "je suis éloignée des réalités et peu au fait des situations vécues hier comme aujourd'hui au Pays Basque". Je ne suis pas d'ici mais j'y ai des attaches. Je connaissais très bien Piarres LARZABAL. ¨C'est d'ailleurs pour ça que je me suis intéressée à "vos" combats dès 1965 me constituant à cette occasion des archives (articles de presse relatant entre autres les soi-disants actes de torture organisés dans la sacristie de l'église de Socoa, de même que toute l'époque du procés de Burgos en décembre 1970 proclamant 6 condamnations à mort et la grâce de Franco pour le nouvel an 1971. Ces six patriotes ont quand même écopé de 30 ans de prison pour l'assassinat d'un inspecteur de police et ce, sans preuves accablantes !) mais, voyez-vous, et je le dis sans prétention, j'ai un avantage sur vous, c'est que, justement, j'ai un regard extérieur donc sans doute plus objectif. Il faut un peu de recul et d'ouverture d'esprit. C'est comme ça que je le ressens mais peut-être ai-je tort ? Chaque opinion est respectable et doit être respectée quand elle est réfléchie, dénuée de haine et de colère. D'ailleurs, votre article est très intéressant et je suis en accord sur plusieurs points... et le mien prouve que le problème basque peut sortir des frontières d'Euskadi comme le préconise quelqu'un.

Je suis aussi une maman comme vous avez dû le lire et je parle avec les mots d'une maman dont un fils a disparu. Avez-vous demandé à Mme Larre ce qu'elle souhaite au bout de 27 années de chagrin. Elle est âgée et voudrait peut-être qu'on lui épargne cette question "Nun da popo ?" qui revient comme un leitmotiv de temps à autre. Peut-être veut-elle avoir la "paix psychologique" à défaut de trouver la PAIX du coeur et la SERENITE. Et si Jean-Louis avait tout simplement voulu réorganiser sa vie autrement, loin de tout ça ??? (Simple hypothèse !)

Votre fierté d'être Basque vous honore ! J'ai moi-même dans les veines du sang vendéen et breton, deux régions qui ont une forte identité comme la vôtre et je suis fière du combat de mes aînés et des mes aïeux qui, en leur temps, se sont battus farouchement pour défendre leur Histoire. Cette emprunte est restée très vive là-bas. Aujourd'hui, la Loire Atlantique (que j'ai habitée) se bat (le mot est mal choisi !) pour faire reconnaitre son appartenance à la Bretagne après en avoir été exclue lors de la régionalisation organisée par le régime de Vichy. En gardant une motivation permanente et les esprits en éveil, à force de manifestions culturelles et autres organisations et réflexions, elle est aujourd'hui reconnue comme partie de la Bretagne Historique et le gwen-a-du flotte sur Nantes... sans violence mais sans lâcher prise. Je ne parle pas de l'UDB qui réclamait l'indépendance de la Bretagne à coup d'attentats contre des biens publics. Plus de nouvelles !

Peut-être avez-vous le sentiment que mon dernier paragraphe est hors-sujet ? Pas tant que ça ! Nos aspirations de base étaient les mêmes : défendre nos particularités, notre langue entre autres qu'il aurait fallu bannir. Aujourd'hui, il semble que le vent ait tourné et qu'on va vers un respect des identités régionales... ce qui, je le concède, ne résoudra pas le sort des prisonniers politiques basques et les questions qui restent posées.

Voilà ce que je voulais vous dire en toute cordialité même si ce discours ne règle rien.

Kenavo !

Écrit par : Monik | 15/02/2010

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