08/08/2008
HOMMAGE À HÉLETTE
23:37 | Lien permanent | Commentaires (31)
06/08/2008
Il nous faut retrouver Popo !
Les disparitions de personnes sont – on me pardonnera d’énoncer un lieu commun – une des pires situations qu’une famille, des amis, un entourage puissent avoir à subir. Au-delà de l’inconnu vertigineux des circonstances d’un tel événement, il reste le questionnement sans réponse qui renvoie sans fin au : « où est-il (elle) » ? Si la marche inexorable du temps qui passe anesthésie inéluctablement – et heureusement – les douleurs des pires drames, les disparitions demeurent comme une blessure qui ne cicatrise jamais, une douleur qui ne peut trouver aucun apaisement.
Les dictatures de par le monde ont systématisé le procédé des disparitions, car elles ont bien conscience que cette méthode d’oppression/répression s’attaque à ce qui fait l’essence de la nature humaine et de ses tourments. La disparition renvoie toujours et sans relâche un écho inquiétant, celui de l’énigmatique, de l’incompréhensible, de l’obscur. C’est une arme de la lâcheté qui n’est pas le seul apanage des régimes totalitaires car les services secrets des pays de démocratie formelle – la France n’y a certes pas fait exception – l’ont utilisé à discrétion.
Omerta, fausses pistes, rumeurs et calomnies
Les circonstances de la disparition de Popo ne relèvent pas, à l’évidence, d’un cas de figure prémédité. Elles sont en lien direct avec les suites de l’affrontement du camping de Léon. Néanmoins, ce qui a pu se passer après que Popo ait été vu pour la dernière fois par nombre de témoins oculaires s’enfoncer dans la forêt landaise est un secret suffisamment lourd de conséquences – ou a été considéré comme tel sur le moment – pour qu’une chape de silence se soit refermée, silence qui perdure depuis un quart de siècle. Une omerta qui, dans les premiers temps cependant, s’est doublée d’une ignominieuse campagne de rumeurs savamment distillées avec diverses facettes. Des « informateurs », pas toujours anonymes d’ailleurs, propageaient avec zèle des renseignements faisant état de la présence de Popo dans les endroits les plus divers (du Pays basque sud jusqu’aux Amériques, en passant par différents coins de France). Ces « informations » pour aussi suspectes – vu leurs sources – qu’elles aient pu apparaître dès le départ, ont été, autant que faire se peut, vérifiées par l’organisation Iparretarrak en tout premier lieu.
Le comble de l’abjection avait été ainsi atteint lorsqu’une de ces rumeurs laissa accroire que IK avait « liquidé » – on me pardonnera le terme – Popo, pour le « punir » d’avoir fui lors de l’affrontement de Léon. Je ne m’abaisserai pas à argumenter sur le détail de ce que cette hypothèse avait d’absurde, car même les adversaires ou ennemis les plus résolus d’Iparretarrak savent pertinemment que l’esprit de l’organisation est en contradiction absolue avec ce type de pratiques. Mais, même si elle fit assez rapidement long feu, la calomnie fut suffisamment efficiente pour colporter le nom d’un militant abertzale connu. Si l’on excepte les incidences, difficiles à supporter bien que limitées dans le temps, sur la vie de cette personne, les délateurs zélés – qui n´étaient pas tous du camp que l’on imagine – en furent pour leurs vains efforts. Soit dit en passant, si l’organisation Iparretarrak avait été coupable de ce dont ils l’accusaient, ils auraient peut-être eu du souci à se faire…
Quelqu’un, quelque part, sait quelque chose
Mais, entre fausses informations, rumeurs et calomnies, Popo est resté introuvable, malgré toutes les recherches menées, en dépit de l’exploration de toutes les hypothèses, nonobstant toutes les pistes suivies jusqu’au bout du bout. Pourtant, Popo est bien quelque part et quelqu’un – quelques uns – sait – savent – forcément quelque chose. Au risque de verser dans l’angélisme, je voudrais – nous voudrions – croire que quelqu’un, en son âme et conscience, brisera un jour le silence, fournira des informations, réelles celles-là, pour retrouver la trace de Jean-Louis Larre.
Aussi graves qu’aient pu être les circonstances qui ont amené à réduire Popo au silence, sa famille, ses amis et connaissances et l’organisation Iparretarrak dont il était un militant, ne sont pas – pour autant qu’ils l’aient jamais été – dans une démarche de demande de comptes, encore moins de vengeance. La seule et unique motivation qui anime ceux qui sont – et resterons toujours – à la recherche de Popo, est que sa famille puisse trouver enfin la paix et, aussi, que ceux qui furent ses camarades d’une lutte ô combien dure puissent tourner cette page-là. Car on n’abandonne pas dans les limbes de l’oubli, dans les tourments de l’inexplicable, dans une interrogation sans réponse, un fils, un frère, un ami, un camarade de lutte. Ce n’est tout simplement pas possible. Il nous faut retrouver Popo !
Allande Socarros
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05/08/2008
Le 7 tous à Hélette
Rendez-vous nous est donc donné le jeudi 7 août 2008, à Hélette, à 19 heures, pour un nouvel omenaldi à Popo Larre. Un hommage de plus penseront certains tandis que d’autres trouveront toujours un motif pour ne pas y être. Parce que ce sont les vacances, parce que la famille, les amis, un engagement pris par-ci, une invitation par là. Mille et une raisons pour ne pas être à Hélette ce jeudi.
Il n’est pas question ici de culpabiliser quiconque, pas plus que de se placer en donneur de leçon. Mais il est important de rappeler que Popo, dont nous marquerons à l’occasion de cet omenaldi le quart de siècle de sa disparition, était un jeune parmi les jeunes, abertzale parmi abertzale, généreux, travaillant sans relâche à la revitalisation de notre pays. Il se donnait sans compter parce que conscient que la vie à du sens, et qu’être Basque en terre basque n’est pas le fruit d’une quelconque grâce, mais bien la conséquence d’une volonté affirmée, d’un combat quotidien, d’un désir transcendant toutes les difficultés, les périls. Il nous faudra être sur la place d’Hélette ce 7 août, pour tout simplement rendre hommage à un jeune homme de notre pays basque – un abertzale –, qui a donné le meilleur de lui même.
Il est des rendez-vous à ne pas rater dans la vie tels qu’être présent en un moment où au-delà des divergences politiques, idéologiques, l’on est rassemblé pour saluer la mémoire de l’un des nôtres, fils d’Euskal Herri, dont la disparition demeure pour chacun de nous une interrogation à laquelle nous voulons qu’enfin réponse soit portée. Nous le lui devons. Nous le devons à sa famille. Nous le devons à notre conscience, individuelle et collective.
Des chanteurs, danseurs, musiciens et bertsulari participeront à cet omenaldi. Ils seront les porteurs d’un message clair comme de l’eau de roche : Euskal Herria vivra par la volonté de ses filles et fils. L’euskara et notre culture vivront car telle est notre volonté. Popo était porteur de ce même désir de vie, acteur de ce même combat au quotidien. Nous serons à Hélette ce jeudi 7 août pour le rappeler et affirmer haut et fort que, 25 ans après le premier « Nun da Popo ? » crié dans une forêt landaise, la question reste tout aussi cruellement posée mais que les bâtisseurs continuent leur labeur, jour après jour, à Hélette comme dans tout Euskal Herria...
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