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06/08/2008

Il nous faut retrouver Popo !

Les disparitions de personnes sont – on me pardonnera d’énoncer un lieu commun – une des pires situations qu’une famille, des amis, un entourage puissent avoir à subir. Au-delà de l’inconnu vertigineux des circonstances d’un tel événement, il reste le questionnement sans réponse qui renvoie sans fin au : « où est-il (elle) » ? Si la marche inexorable du temps qui passe anesthésie inéluctablement – et heureusement – les douleurs des pires drames, les disparitions demeurent comme une blessure qui ne cicatrise jamais, une douleur qui ne peut trouver aucun apaisement.

Les dictatures de par le monde ont systématisé le procédé des disparitions, car elles ont bien conscience que cette méthode d’oppression/répression s’attaque à ce qui fait l’essence de la nature humaine et de ses tourments. La disparition renvoie toujours et sans relâche un écho inquiétant, celui de l’énigmatique, de l’incompréhensible, de l’obscur. C’est une arme de la lâcheté qui n’est pas le seul apanage des régimes totalitaires car les services secrets des pays de démocratie formelle – la France n’y a certes pas fait exception – l’ont utilisé à discrétion.

Omerta, fausses pistes, rumeurs et calomnies

Les circonstances de la disparition de Popo ne relèvent pas, à l’évidence, d’un cas de figure prémédité. Elles sont en lien direct avec les suites de l’affrontement du camping de Léon. Néanmoins, ce qui a pu se passer après que Popo ait été vu pour la dernière fois par nombre de témoins oculaires s’enfoncer dans la forêt landaise est un secret suffisamment lourd de conséquences – ou a été considéré comme tel sur le moment – pour qu’une chape de silence se soit refermée, silence qui perdure depuis un quart de siècle. Une omerta qui, dans les premiers temps cependant, s’est doublée d’une ignominieuse campagne de rumeurs savamment distillées avec diverses facettes. Des « informateurs », pas toujours anonymes d’ailleurs, propageaient avec zèle des renseignements faisant état de la présence de Popo dans les endroits les plus divers (du Pays basque sud jusqu’aux Amériques, en passant par différents coins de France). Ces « informations » pour aussi suspectes – vu leurs sources – qu’elles aient pu apparaître dès le départ, ont été, autant que faire se peut, vérifiées par l’organisation Iparretarrak en tout premier lieu.

Le comble de l’abjection avait été ainsi atteint lorsqu’une de ces rumeurs laissa accroire que IK avait « liquidé » – on me pardonnera le terme – Popo, pour le « punir » d’avoir fui lors de l’affrontement de Léon. Je ne m’abaisserai pas à argumenter sur le détail de ce que cette hypothèse avait d’absurde, car même les adversaires ou ennemis les plus résolus d’Iparretarrak savent pertinemment que l’esprit de l’organisation est en contradiction absolue avec ce type de pratiques. Mais, même si elle fit assez rapidement long feu, la calomnie fut suffisamment efficiente pour colporter le nom d’un militant abertzale connu. Si l’on excepte les incidences, difficiles à supporter bien que limitées dans le temps, sur la vie de cette personne, les délateurs zélés – qui n´étaient pas tous du camp que l’on imagine – en furent pour leurs vains efforts. Soit dit en passant, si l’organisation Iparretarrak avait été coupable de ce dont ils l’accusaient, ils auraient peut-être eu du souci à se faire…

Quelqu’un, quelque part, sait quelque chose

Mais, entre fausses informations, rumeurs et calomnies, Popo est resté introuvable, malgré toutes les recherches menées, en dépit de l’exploration de toutes les hypothèses, nonobstant toutes les pistes suivies jusqu’au bout du bout. Pourtant, Popo est bien quelque part et quelqu’un – quelques uns – sait – savent – forcément quelque chose. Au risque de verser dans l’angélisme, je voudrais – nous voudrions – croire que quelqu’un, en son âme et conscience, brisera un jour le silence, fournira des informations, réelles celles-là, pour retrouver la trace de Jean-Louis Larre.

Aussi graves qu’aient pu être les circonstances qui ont amené à réduire Popo au silence, sa famille, ses amis et connaissances et l’organisation Iparretarrak dont il était un militant, ne sont pas – pour autant qu’ils l’aient jamais été – dans une démarche de demande de comptes, encore moins de vengeance. La seule et unique motivation qui anime ceux qui sont – et resterons toujours – à la recherche de Popo, est que sa famille puisse trouver enfin la paix et, aussi, que ceux qui furent ses camarades d’une lutte ô combien dure puissent tourner cette page-là. Car on n’abandonne pas dans les limbes de l’oubli, dans les tourments de l’inexplicable, dans une interrogation sans réponse, un fils, un frère, un ami, un camarade de lutte. Ce n’est tout simplement pas possible. Il nous faut retrouver Popo !

Allande Socarros

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